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Tunisie : Des agents immobiliers se regroupent pour réorganiser le métier et être reconnus

by conect2022mtd

Se prétendre agent immobilier en Tunisie semble être à la portée de tout le monde. En effet qui n’a jamais eu affaire à un gardien d’immeuble, à un avocat ou encore à un médecin pour acquérir ou louer un bien. Et pourtant, ce métier nécessite un certain nombre de compétences afin d’éviter les mauvaises surprises et surtout les arnaques.

C’est contre tous ces fléaux qu’un groupe d’agents immobiliers expérimentés a décidé de se regrouper afin de réorganiser ce métier. Pour nous en parler, Gnetnews a rencontré trois d’entre eux. Il s’agit de M. Mohsen Chaâbani, Mme Nabila Ben Abdelmalek et Mme Nejla Jaouadi, ils sont bien décidés à tout faire afin de professionnaliser ce secteur.

« Notre secteur est un secteur clé de l’économie du pays…et pourtant nous ne sommes pas reconnus! ». C’est le constat amer fait par Mme Nabila Abdelmalek, propriétaire d’une agence immobilière située dans le quartier du Lac à Tunis et trésorière du Groupement professionnel des agents immobiliers au sein du syndicat CONECT.

La majorité des agents exerce sans agrément officiel

En effet, elle explique qu’il est de plus en plus difficile de pratiquer ce métier. Et pour cause, en Tunisie il n’a jamais été aussi facile d’ouvrir un bureau et de se prétendre agent. Pourtant, la majorité des enseignes immobilières n’ont pas reçu l’agrément officiel délivré par le ministère du Commerce. « Ce sont pour la plupart des sociétés de services », nous dit-elle. A noter qu’environ 900 agences seulement sont agrémentés en Tunisie.

Pour obtenir cet agrément, il faudrait répondre à un certain nombre de critères. Il faut d’abord justifier de deux ans d’études après le baccalauréat et dans certains domaines, obéir à un cahier des charges bien précis et disposer d’un dépôt de garantie financière de plusieurs millions de dinars. Ainsi, légalement, les sociétés de services n’ont pas le droit d’exercer, mais l’État ferme les yeux sur des pratiques qui nuisent fortement aux agences officielles.

D’après Mme Nejla Jaouadi, agent immobilier à Hammamet, « seules 5% à 10% des transactions immobilières sont réalisées par des agences agrémentées par l’Etat ».

Nos interlocuteurs déplorent également l’existence des fameux « samsara ». Il s’agit de personnes qui n’ont aucun statut légal et qui s’accaparent une grande partie des transactions, notamment les locations. Ils prennent une commission aux acheteurs ou aux vendeurs en contrepartie de leurs services, sans qu’ils n’aient de statut d’entrepreneur.

Afin de remédier à ces problèmes, un groupe d’agents immobiliers a décidé de se regrouper. L’objectif étant de réorganiser et professionnaliser ce métier. C’est ici le combat de Mohsen Chaabani, agent immobilier à La Marsa et Président du Groupement professionnel des agents immobiliers au sein du syndicat CONECT.

Dans un premier temps, Chaabani voudrait mettre en place des formations diplômantes qui permettent de disposer de vrais compétences dans le domaine. En effet, si à l’étranger il existe un cursus d’études, en Tunisie ce n’est pas le cas. « Nous voulons créer des centres de formation où les agents immobiliers expérimentés et agrées donnent des cours aux futurs agents », nous dit-il.

Autre mesure, celle de la mise à jour du cahier des charges imposé par le ministère du Commerce qui permet l’obtention de l’agrément. « Le cahier des charges, mis en place dans les années 80, est désuet », dénonce Chaâbani. Ainsi, le groupement voudrait rendre obligatoire l’agrément pour toute société voulant agir dans le secteur de l’immobilier et également imposer de nouvelles conditions afin d’éviter certaines pratiques malveillantes. « Par exemple, il serait intéressant de rajouter dans le cahier des charges l’obligation de présenter la preuve de la collaboration avec un comptable, un avocat, un notaire, une banque et pourquoi pas un architecte », explique-t-il.

Le groupement voudrait également créer une carte professionnelle qui servirait de gage de garantie pour les clients. Ce qui nous ramène à la question du statut d’agent immobilier, inexistant en Tunisie. « Je ne comprend pas pourquoi nous n’avons pas le droit à un statut officiel comme les médecins, les avocats ou les architectes. Cela permettrait de faire diminuer les escroqueries qui nuisent à notre métier et surtout de nous protéger. Nous payons des impôts, alors l’Etat se doit de nous protéger », lance Mme Abdelmalek.

En effet, les agents immobiliers sont confrontés à bon nombre de problèmes liés notamment aux commissions. Le cahier des charges du ministère du Commerce n’impose pas de tarifs fixes. Alors les honoraires sont déterminés à l’usage. Pour une opération locative, elle est établie à un mois de loyer et pour la vente elle est fixée à 5%, répartie entre le vendeur (3%) et l’acheteur (2%).

« Dans 95% des transactions de vente, l’acheteur traine des pieds pour payer les honoraires. Même si un contrat a été signé, il est difficile de porter plainte car aucun cadre juridique ne nous protège. Nous nous retrouvons à la merci du client », affirme Mme Nejla Jaouadi.

Afin de mettre un terme à ces conflits, le groupement d’agents immobilier propose que la commission réservée à l’agence soit mentionnée dans le contrat de vente signée chez le notaire.

Un grand événement regroupant les agents immobiliers sera organisé en mai prochain pour présenter la stratégie de refonte du secteur et fédérer le maximum d’intervenants. « A terme, nous voudrions créer un ordre des agents immobiliers », conclut Mohsen Chaabani.

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